Friday, 1 October 2010

Révolte globale contre un géant minier


Vale, un groupe brésilien implanté sur cinq continents



Le Monde Diplomatique


Trois entreprises se partagent la production de minerai de fer à l’échelle planétaire. Un « cartel » dominé par la brésilienne Vale. Toutefois, depuis quelques années, cette dernière se heurte à une nouvelle résistance. Des salariés, des écologistes, des paysans dénoncent les dégâts sociaux et environnementaux de l’activité minière. Pis, à l’image de la multinationale, ces contestataires se sont « globalisés »…

Par Philippe Revelli

Sudbury, le 11 mars 2010. Dans cette petite ville située à quatre cents kilomètres au nord de Toronto (Ontario, Canada), en file indienne, les mineurs de la compagnie Vale-Inco attendent leur tour devant l’isoloir. Ils sont en grève depuis huit mois. La semaine précédente, les négociations entamées entre la direction de la compagnie et l’United Steelworkers (USW), le syndicat des métallurgistes, ont été rompues. A l’origine du conflit, une nouvelle mouture de la convention collective : gel des salaires, remise en cause des conditions de leur indexation sur l’inflation, modification du régime des retraites et réduction du bonus annuel lié à la rentabilité de l’entreprise (en moyenne, 25 % du salaire de base, jusque-là). En sortant du bureau de vote, un gréviste brûle le document listant les propositions de la direction. D’autres l’imitent, nombreux. Le résultat du scrutin est sans appel : à 88,7 %, les salariés décident de poursuivre le mouvement.

Les mineurs n’en sont pas à leur première grève dure. L’International Nickel Company of Canada (Inco) exploite le nickel de la région depuis plus d’un siècle et, au fil des conflits, l’USW s’est imposé comme l’interlocuteur incontournable de la direction. De sorte que, si un survol de la région révèle les stigmates de l’activité minière sur l’environnement, les luttes successives ont arraché d’importants droits sociaux qui bénéficient à l’ensemble de la communauté. Ou plutôt bénéficiaient.

En 2006, le rachat de la compagnie canadienne par la multinationale brésilienne Vale change la donne. Même si le siège de la nouvelle société — Vale-Inco — demeure au Canada, les conflits ne se règlent plus au rythme du quadrille… mais de la samba. Et les mineurs n’y gagnent pas forcément.

Arguant de la crise financière, les dirigeants de Vale-Inco ne tardent pas à revenir sur les promesses qui avaient apaisé les réserves d’Ottawa quant au rachat d’une entreprise canadienne par une concurrente étrangère. Le conflit ouvert par la remise en cause de la convention collective offre à la direction (...)


Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique d’octobre 2010 actuellement en kiosques.

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